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Matthieu Becuwe : nouveau professeur permanent au LRCS

  • Quel est votre parcours ?

J’ai tout d’abord intégré l’Université du littoral Côte d’Opale (ULCO) en 2000 afin de faire une licence de chimie. Au cours de celle-ci, mon intérêt s’est focalisé vers la chimie organique. Par la suite, j’ai fait une première année de master en chimie analytique et en contrôle industriel et environnement, puis une deuxième année de master en chimie organique et macromoléculaire à l’université de Lille. Ce parcours m’a permis de découvrir différentes facettes de la chimie, et m’a aussi donné le gout de la recherche académique, notamment avec mon stage de 3e année de licence qui a été pour moi une vrai révélation. J’ai d’ailleurs gardé des liens très forts avec mes encadrants de l’époque.

Les choses ont commencé à changer lorsque j’ai poursuivi en doctorat pour développer des matériaux hybrides à base de silice pour la détection des polluants par fluorescence, dans un laboratoire synthèse organique, et donc pas habitué à synthétiser ce type de composé. Néanmoins, ce fût une expérience très marquante et qui a fait basculer mon expertise scientifique vers la thématique des matériaux mais pas encore de l’énergie. J’ai poursuivi dans cette voie avec un premier post-doc au LRCS en 2010, où j’ai intégré le groupe d’Emmanuel Baudrin, qui travaillait sur les capteurs potentiométriques pour détecter le fer III dans le sang. A la suite de cela, j’ai basculé complètement dans le domaine des nanomatériaux puisque j’ai intégré le Laboratoire de Chimie de la Matière Condensée de Paris au Collège de France dans le groupe de Clément Sanchez et sous la responsabilité de François Ribot. Le sujet avait une tournure industrielle car je travaillais sur la synthèse d’additifs pour les bétons.

Pour finir, j’ai réintégré le LRCS en septembre 2011 en tant que maitre de conférences pour développer des matériaux à l’interface pour les batteries, domaine que je ne connaissais pas.

 

  • Que représente cette nouvelle fonction de professeur ?

D’une part, c'est une certaine reconnaissance du travail que j’ai réalisé ces onze dernières années, et puis en même temps c’est une grosse responsabilité parce qu’une fois arrivé à ce niveau on attend beaucoup de choses. Il faut être force motrice pour les recherches, partager son expertise et son expérience ou échanger avec des personnes d’autres disciplines. Il y a d’ailleurs une pression différente qui s’installe par rapport à avant mais celle-ci est très stimulante au quotidien.

Au lendemain des auditions, on m’a dit que ma vie n’allait pas vraiment changer et que j’allais continuer à faire ce que je faisais déjà. On ne devient pas professeur du jour au lendemain, on se transforme au fur à mesure qu’on avance en tant que maitre de conférences. En tout cas, je suis conscient que c’est une chance pour moi d’être passé professeur relativement jeune.

 

  • Quel est votre principal sujet de recherche aujourd'hui ?

Au début, je travaillais quasi-exclusivement sur les batteries organiques avec l’idée de remplacer les matériaux d’électrodes composés d’éléments critiques (e.g. nickel et cobalt). Cet aspect est toujours d’actualité, va se renforcer et, je l’espère, permettra de fabriquer de nouvelles générations d’électrodes. Certes, les performances n’atteignent pas encore celles des batteries actuellement sur le marché, mais c’est une alternative qu’il faut développer afin de ne pas accentuer certaines problématiques liées notamment à l’extraction minière ou à la disponibilité/recyclabilité des ressources. Il y a encore beaucoup de recherches à mener pour arriver jusqu’à un prototype viable mais je suis convaincu que nous y arriverons si nous collaborons efficacement.

Sinon, j’ai une activité croissante dans le domaine des électrolytes, où je prends beaucoup de plaisir à développer des matériaux hybrides à base de nanomatériaux ou de polymères pour faire de nouvelles batteries avec des éléments moins critiques et plus facilement recyclables. C’est un domaine en pleine expansion et très concurrentiel mais aussi très stimulant.

Et dernièrement, nous avons commencé à introduire des concepts venant de la chimie supramoléculaires pour contrôler la mobilité des ions. C’est un terrain de jeu peu exploré pour les électrolytes mais c’est très prometteur.

 

  • Quels sont vos projets futurs ?

Scientifiquement parlant, les enjeux environnementaux et sociétaux prennent de plus en plus en place et je pense qu’il est important de se positionner là-dessus dès maintenant en réfléchissant à comment faire évoluer les batteries pour qu’elles soient moins impactantes tout en étant performantes, c’est un sacré challenge de juguler ces deux aspects.

Et personnellement parlant, j’aimerais continuer à évoluer, m’améliorer, j’ai envie d’aller toujours plus loin, d’explorer des terrains inconnus. On dit de moi que je suis un éternel insatisfait, je pense que c’est vrai, mais j’ai surtout besoin de m’occuper l’esprit. J’ai la chance de faire un métier que j’aime. Je vais donc continuer à construire et déposer des projets, gagner en responsabilité, construire de nouvelles formations à forte connotation énergie par exemple.